Festival du Court Métrage Méditerranéen de Tanger
   Edito 2002




  Le festival du court métrage méditerranéen de Tanger sera le joyau des manifestations cinématographiques organisés au Maroc, qu’elles soient internationales ou nationales, générales ou spécialisées. Il puisera sa force de son appartenance méditerranéenne, de son parrainage par la ville de Tanger et de sa spécificité qualitative, compte tenu du symbolisme et de l’attrait de ces éléments.

  En effet, le bassin méditerranéen renferme des expériences riches en rapprochement entre les peuples pour la coexistence et la paix fondée sur l’ouverture et la tolérance.

  Nous ne pensons pas que les accords ou les conventions aussi idéales soient ils pourraient perdurer s’ils ne  sont pas enracinés dans la formation psychologique des citoyens, dont la culture dans son acception la plus large comprenant toutes les pratiques de création des peuples constitué le support fondamental, et à travers la connaissance mutuelle, l’échange de savoirs et d’expériences et l’enrichissement réciproque.

Tout cela s’est réalisé et se réalise encore aujourd’hui entre les amoureux de la paix et du respect de l’autre, et ceux obnubilés par la violence et aveuglés par le sectarisme, entre les défenseurs de la liberté et la démocratie d’une part et d’autre part les partisans de la domination et du racisme.

  Mais l’espace éclairé par l’espoir et l’amour est bien plus vaste, car le rejet de l’hostilité et de rancune racistes nourrit l’embryon civilisateur de l’avenir, les peuples en sont en effet convaincus comme un besoin et une nécessité pour l’humanité.

  Ainsi, la paix dans l’élévation spirituelle devient l’élément constitutif et le garant du développement matériel face aux dérapage, et s’en racine également grâce à la préservation de la mémoire, car la guerre et l’anéantissement ne se font seulement par les armes, mais aussi, et c’est plus dangereux, à travers la culture et la négation de toute volonté d’auto développement indépendant.

  Et au milieu de cet accouchement difficile, les créateurs, et à leur tête les cinéastes, écoutent l’appel du futur pour la réalisation de l’identité de l’art qui adhère au local pour aller vers l’universalité en exprimant les valeurs humanistes légitimes, à travers des conceptions du monde local, non opposées aux nobles ambitions communes à toute l’humanité.

  Les peuples des deux rives et leurs élites créatrices sont invités à rechercher à l’intérieur des spécificités locales la dimension commune méditerranéenne pour faire face à l’uni formation. La méditerranée constitue en effet le cordon ombilical de la terre et le point de rencontre des trois continents. Elle est le témoin de religions célestes éternelles, de transformations historiques radicales, de naissance de civilisation et de création d’Etats, de langues et d’arts. Elle est ainsi à même d’inventer un remède civilisationnel pour vacciner le processus de l’histoire afin de lutter contre les virus menaçant l’esprit de l’urbanisme, du dialogue, de la diversité, de la générosité de l’échange, de la gestion des différances, de l’esprit de solidarité au lieu de la guerre et du désir aveugle de supériorité basé sur l’anéantissement de l’autre et de sa réduction à la dépendance.

  En Méditerranée il y a l’olivier, symbole de la paix, de la force tranquille, de la résistance au milieu des tempêtes, il porte les transformations, le don et la générosité, la mémoire des voyages, de l’héritage et sons déplacement entre les deux rives depuis les siècles lointains. Son arbre est béni, il n’est ni oriental ni occidental. Qu’il soit notre lieu de destination à tous en vue d’instaurer la paix et la compréhension mutuelle, et que le commencement se fasse en Palestine, pour permettre à son peuple et à sa direction d’exercer le droit à l’existence, à l’instar de tous les autres peuples, de créer leur Etat et d’exercer leur souveraineté garantie et reconnu par les conventions internationales.

  Dans le cadre, le 1er festival du film de court métrage méditerranéen est organisé à Tanger, sous la direction du Ministère de la culture et de la communication et ce, compte tenu de la popularité de l’œuvre cinématographique, de sa valeur communicative et de la spécificité du film de court métrage qui continue un moment furtif ou un éclair concentrant des modes et des époques n quelques instants et en quelques espace. Ses créateurs excellent dans l’art de résumer et de condenser.

  Dans la tradition littéraire arabe où la rhétorique occupe une place importante, une diction célèbre appelle à la clarté et la concision dans le langage. Et dans le film de court métrage se croisent poésie, concision, recours à l’image et emploi du langage figuré pour faire passer un message important et sérieux.

Dans le film de court métrage il y a des images, des miroirs de l’état de l’âme et de la mémoire, rassemblant exercice et expérimentation, finalité et recherche, simplicité et profondeur, prudence et aventure.

  Cependant, il ne constitue pas un seuil, mais une adhésion, son identité méditerranéenne consiste à réunir des sources nombreuses et diversifiées créant des cascades d’images, de dialogues et de son divers, formant ainsi un arc en ciel de signes radieux là où les oiseaux de l’imaginaire cinématographique se parent de ses couleurs à Tanger, ravissant les créateurs universels de diverses races et nationalités et les attirant dans les espaces, car elle était internationale à une étape donnée. Comme symbole de l’ouverture du Maroc et l’ouverture de ses fenêtres pour accueillir et répandre les messages civilisationnels.

  Tanger est une mémoire de rencontre et de dialogue, et un pont entre la nostalgie et l’espérance… C’est un moment d’être d’étreinte et de compréhension.

  Bienvenu donc au film de court métrage dont nous oeuvrons à prolonger l’existence du festival dans une ville qui abrite la grotte d’un personnage légendaire ayant séparé deux frontières pour créer le bassin méditerranéen et qui a tissé la parure des trois continents avec des eaux pures pleines de messages et d’histoires.                        

Mohamed ACHAARI

Ministre de la Culture et de la Communication