Le festival du court métrage méditerranéen de
Tanger sera le joyau des manifestations cinématographiques organisés au Maroc,
qu’elles soient internationales ou nationales, générales ou spécialisées. Il
puisera sa force de son appartenance méditerranéenne, de son parrainage par la
ville de Tanger et de sa spécificité qualitative, compte tenu du symbolisme et
de l’attrait de ces éléments.
En effet, le bassin méditerranéen renferme des
expériences riches en rapprochement entre les peuples pour la coexistence et la
paix fondée sur l’ouverture et la tolérance.
Nous ne pensons pas que les accords ou les
conventions aussi idéales soient ils pourraient perdurer s’ils ne sont pas
enracinés dans la formation psychologique des citoyens, dont la culture dans son
acception la plus large comprenant toutes les pratiques de création des peuples
constitué le support fondamental, et à travers la connaissance mutuelle,
l’échange de savoirs et d’expériences et l’enrichissement réciproque.
Tout cela s’est réalisé et se réalise encore
aujourd’hui entre les amoureux de la paix et du respect de l’autre, et ceux
obnubilés par la violence et aveuglés par le sectarisme, entre les défenseurs de
la liberté et la démocratie d’une part et d’autre part les partisans de la
domination et du racisme.
Mais l’espace éclairé par l’espoir et l’amour est
bien plus vaste, car le rejet de l’hostilité et de rancune racistes nourrit
l’embryon civilisateur de l’avenir, les peuples en sont en effet convaincus
comme un besoin et une nécessité pour l’humanité.
Ainsi, la paix dans l’élévation spirituelle
devient l’élément constitutif et le garant du développement matériel face aux
dérapage, et s’en racine également grâce à la préservation de la mémoire, car la
guerre et l’anéantissement ne se font seulement par les armes, mais aussi, et
c’est plus dangereux, à travers la culture et la négation de toute volonté
d’auto développement indépendant.
Et au milieu de cet accouchement difficile, les
créateurs, et à leur tête les cinéastes, écoutent l’appel du futur pour la
réalisation de l’identité de l’art qui adhère au local pour aller vers
l’universalité en exprimant les valeurs humanistes légitimes, à travers des
conceptions du monde local, non opposées aux nobles ambitions communes à toute
l’humanité.
Les peuples des deux rives et leurs élites
créatrices sont invités à rechercher à l’intérieur des spécificités locales la
dimension commune méditerranéenne pour faire face à l’uni formation. La
méditerranée constitue en effet le cordon ombilical de la terre et le point de
rencontre des trois continents. Elle est le témoin de religions célestes
éternelles, de transformations historiques radicales, de naissance de
civilisation et de création d’Etats, de langues et d’arts. Elle est ainsi à même
d’inventer un remède civilisationnel pour vacciner le processus de l’histoire
afin de lutter contre les virus menaçant l’esprit de l’urbanisme, du dialogue,
de la diversité, de la générosité de l’échange, de la gestion des différances,
de l’esprit de solidarité au lieu de la guerre et du désir aveugle de
supériorité basé sur l’anéantissement de l’autre et de sa réduction à la
dépendance.
En Méditerranée il y a l’olivier, symbole de la
paix, de la force tranquille, de la résistance au milieu des tempêtes, il porte
les transformations, le don et la générosité, la mémoire des voyages, de
l’héritage et sons déplacement entre les deux rives depuis les siècles
lointains. Son arbre est béni, il n’est ni oriental ni occidental. Qu’il soit
notre lieu de destination à tous en vue d’instaurer la paix et la compréhension
mutuelle, et que le commencement se fasse en Palestine, pour permettre à son
peuple et à sa direction d’exercer le droit à l’existence, à l’instar de tous
les autres peuples, de créer leur Etat et d’exercer leur souveraineté garantie
et reconnu par les conventions internationales.
Dans le cadre, le 1er festival du film
de court métrage méditerranéen est organisé à Tanger, sous la direction du
Ministère de la culture et de la communication et ce, compte tenu de la
popularité de l’œuvre cinématographique, de sa valeur communicative et de la
spécificité du film de court métrage qui continue un moment furtif ou un éclair
concentrant des modes et des époques n quelques instants et en quelques espace.
Ses créateurs excellent dans l’art de résumer et de condenser.
Dans la tradition littéraire arabe où la
rhétorique occupe une place importante, une diction célèbre appelle à la clarté
et la concision dans le langage. Et dans le film de court métrage se croisent
poésie, concision, recours à l’image et emploi du langage figuré pour faire
passer un message important et sérieux.
Dans le film de court métrage il y a des images,
des miroirs de l’état de l’âme et de la mémoire, rassemblant exercice et
expérimentation, finalité et recherche, simplicité et profondeur, prudence et
aventure.
Cependant, il ne constitue pas un seuil, mais une
adhésion, son identité méditerranéenne consiste à réunir des sources nombreuses
et diversifiées créant des cascades d’images, de dialogues et de son divers,
formant ainsi un arc en ciel de signes radieux là où les oiseaux de l’imaginaire
cinématographique se parent de ses couleurs à Tanger, ravissant les créateurs
universels de diverses races et nationalités et les attirant dans les espaces,
car elle était internationale à une étape donnée. Comme symbole de l’ouverture
du Maroc et l’ouverture de ses fenêtres pour accueillir et répandre les messages
civilisationnels.
Tanger est une mémoire de rencontre et de
dialogue, et un pont entre la nostalgie et l’espérance… C’est un moment d’être
d’étreinte et de compréhension.
Bienvenu donc au film de court métrage dont nous
oeuvrons à prolonger l’existence du festival dans une ville qui abrite la grotte
d’un personnage légendaire ayant séparé deux frontières pour créer le bassin
méditerranéen et qui a tissé la parure des trois continents avec des eaux pures
pleines de messages et d’histoires.
Mohamed ACHAARI
Ministre de la Culture et de la
Communication
