Festival National du Film
   15ème édition - Tanger 2014
    Edito



[… ] Il faut prendre au sérieux le nom même du cinéma: « le septième art», ce qui le définit comme ayant une relation intime à tous les autres.

Il est même possible que le cinéma récapitule les autres arts et - dirait Hegel - en prononce la clôture. En tous les cas, il est toujours connexe aux autres arts. Sans aucune exception.

Ses démêlés avec la peinture sont passionnels; sa communauté avec le théâtre tient de l’ordre de l’évidence; la présence de la musique est plus qu’essentielle; ou encore l’usage du chorégraphique, qui est capital comme élément intrinsèque de la mise en scène. Tous les arts traversent le cinéma: ce n’est pas simplement qu’il les utilise ou qu’il voisine avec eux, mais plus encore il les met au défi, et les soumet à des défis très difficiles à relever: parvenir par eux même, seuls, à ce que le cinéma arrive à en faire. Il les utilise et il les magnifie, les disposant dans une puissance émotive particulière. Il existe une puissance de révélation des arts, de subjugation des arts, dans le cinéma, qui en fait véritablement le septième. Quand Visconti utilise une symphonie de Mahler, tous les gens de bonne foi sont obligés d’avouer qu’ils ne se souviennent désormais de cette symphonie de Mahler qu’à travers Visconti… il y a eu un saut indélébile dans cette captation par le cinéma: il porte la musique à une puissance formelle à la fois impure et redoublée qui lui donne une nouvelle éternité […]





Alain Badiou
« CINEMA »

Nova éditions